«Bref, je regardais la télévision. Pas une seule fois pendant ces mois-là une idée intelligente ou une émotion n’émana de l’écran, et j’en vins à envisager ce média comme subversif : de par ses tromperies, ses mensonges assumés, sa lâcheté, sa bêtise, sa violence gratuite, ces personnalités dégoûtantes que l’on pousse dans les bras de notre jeunesse, sa soumission rampante et infinie à nos fantasmes, la télévision sape la force de caractère, la vigueur, et pervertit de manière irréparable tout notion de réalité. Mais c’est un média tendre et aimant; et lorsqu’il a accompli son oeuvre destructrice et réduit le spectateur au stade d’enfant baveux et écervelé, telle une gironde génétrice, il se tient toujours prêt à nous accueillir entre ses seins aux brunes aréoles.»

Extrait du «Dernier stade de la soif», de Frederick Exley.