Elle est là, devant moi, elle m’attend. Les souvenirs que m’ont laissés les précédentes m’incitent à croire que, cette fois encore, je ne vais pas être déçu. Il y en a eu tellement, comment pourrais-je me les rappeler toutes ? Peut-être chacune avait son petit goût différent, sa touche personnelle, amenée aussi en fonction de mon état d’esprit. Certaines, bien sûr, m’ont laissé un souvenir amer, mais je les ai vite oubliées. De toute façon, je ne peux pas m’en passer, croire l’inverse reviendrait à me mentir ; je ne peux pas vivre sans elles et je dois faire avec. C’est une vérité que j’assume. Bien sûr, dans certains pays, elles semblent plus difficiles d’accès, elles ne se laissent pas faire facilement, mais avec un peu de persévérance, on parvient toujours à leur trouver un petit quelque chose pour nous plaire. Elles ne sont finalement pas farouches, mais juste fières de leurs origines. Les prendre à la légère serait alors une grave erreur. Non, il faut savoir être patient, les apprivoiser ; il faut que d’elles-mêmes elles ne vous ressentent plus comme une menace, mais comme un ami, un ami à qui elles vont permettre de passer un moment des plus délicieux. Elles savent qu’ainsi vous avez plus de chances de leur rester fidèle par la suite. Ce qui fait indéniablement leur charme, c’est aussi leur galbe. De la petite frêle et longue à la grosse potelée et rabougrie, chacune s’exprime aussi par ce qu’elle offre généreusement à notre vue. Parfois même elles peuvent sembler réellement excitantes, lorsque suite à des déboires malencontreux on en a été privé durant une trop longue période. Le désir, cependant, est toujours là, intact, se révélant de lui-même, nous incitant à céder une fois encore, une fois de trop parfois, nous plongeant dans l’inexorable abîme de l’incertain et la perte totale de contrôle. Elles nous mènent à la baguette, et on se laisse faire avec délectation, pensant avec juste raison que leurs caprices sont nos caprices et que tenter de leur résister ne ferait qu’envenimer inutilement la situation. Face à elles nous sommes faibles et nous aimons cela. Nous aimons cette situation conflictuelle de dominant-dominé, tout en sachant bien sûr pertinemment que la lutte ne connaîtra qu’un seul vainqueur, pas d’ex aequo possible, nous finissons à terre, à moitié fou de bonheur et de douleur, hurlant leurs noms dans la nuit à qui veut bien les entendre, espérant qu’un écho nous revienne et nous fasse nous sentir moins seuls. Ah oui, je les aime, toutes, avec nuance et distinction cependant, mais toutes d’un amour profond et vrai. Si vous m’avez compris, c’est que vous aussi vous aimez la bière.
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